Sévérité de l’infection COVID-19 chez les patients atteints de maladies inflammatoires : résultats de la cohorte « French RMD COVID-19 » - 30/11/20
Groupe de travail de la FR FAI2R SNFMI SOFREMIP CRI IMIDIATE
Résumé |
Introduction |
L’impact du SARS-CoV-2 sur les patients atteints de maladies inflammatoires rhumatologiques (rhumatismes inflammatoires chroniques (RIC), vascularites, maladies auto-inflammatoires ou auto-immunes systémiques) reste mal connu. Nous rapportons ici les données de la cohorte « French RMD COVID-19 » au sein de laquelle nous avons analysé les caractéristiques épidémiologiques associées à une forme grave de COVID-19 définie par une hospitalisation en soins intensifs ou un décès liés à la maladie.
Patients et méthodes |
Des patients suivis en rhumatologie ou en médecine interne et atteints par la COVID-19 ont été inclus dans une cohorte française. Des modèles de régression logistique ajustés en fonction de l’âge et du sexe ont été utilisés pour identifier les facteurs associés à ces formes graves. Le taux de mortalité des patients hospitalisés pour des formes modérée à grave de cette cohorte a été comparé à la cohorte Lilloise, LICORNE, de patients infectés par la COVID-19 mais sans pathologie rhumatologique, appariés en fonction de l’âge, du sexe et des comorbidités.
Résultats |
La cohorte analysée comprenait 694 patients symptomatiques, dont 438 (63 %) avec une forme légère (patients non hospitalisés), 169 (24 %) avec une forme modérée (patients hospitalisés hors soins intensifs) et 87 (13 %) avec une forme grave (patients en soins intensifs/décédés). Les facteurs les plus fortement associés à une infection grave étaient l’âge (≥55), l’obésité (IMC ≥40kg/m2, OR=4,1 [1,28-13,11]95 %), la présence d’une hypertension artérielle (OR=2,3 [1,34-3,96]95 %), d’un diabète (OR=2,14 [1,12-4,12]95 %), le fait d’être atteint d’une vascularite (ORa=2,25 [1,13-4,41]95 %), d’avoir une pneumopathie interstitielle associée (ORa=2,87 [1,06-7,8]95 %), la prise de corticoïdes (OR=2,25 [1,33-3,79]95 %) et de rituximab (OR=4,34 [1,77-10,63]95 %), alors qu’un traitement par anti-TNF (OR=0,44 [0,19-1,04] 95 %) ou anti-IL-6 (OR=0,63 [0,12-2,28] 95 %) n’était pas associé à la gravité de l’infection. Cinquante-huit patients sont décédés (8 % de la cohorte totale et 23 % [58/256] des patients hospitalisés). Les maladies auto-immunes systémiques étaient associées à un risque accru de décès par rapport aux RIC (OR=2,65 [1,15-5,95]95 %), alors que le méthotrexate était associé à une réduction du risque de décès (OR=0,34 [0,16-0,70]95 %). Parmi les 335 patients sans pathologie rhumatologique de la cohorte LICORNE, 175 ont pu être appariés sur l’âge, le sexe et les comorbidités avec les patients hospitalisés de la cohorte French RMD COVID-19. Le taux de mortalité était de 23,4 % (95 % CI : 17,2 to 29,7) dans notre cohorte contre 20,0 % (95 % CI, 14,1 to 25,9) dans la cohorte LICORNE (OR=1,22 [0,73-2,04] 95 %).
Conclusion |
Les patients atteints de maladies inflammatoires rhumatologiques, traités par corticoïdes ont un risque accru de développer une infection grave par le SARS-CoV-2, alors que les patients sous méthotrexate, anti-TNF ou anti-IL-6 ne présentent pas ce sur-risque. En outre, à comorbidités comparables, le risque de décès n’est pas significativement plus élevé chez les patients atteints de maladies inflammatoires par rapport à ceux sans maladie inflammatoire. Nous remercions les médecins qui ont contribué à cette cohorte et à la cohorte LICORNE.
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Vol 87 - N° S1
P. A1 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.